Un immense projet — terminé !
Je viens de rentrer de France, où j’ai achevé quelque chose qui façonne silencieusement ma vie depuis des années : visiter les 305 communes de France qui portent le nom de Saint Martin de Tours. Cinq pèlerinages, 14 230 kilomètres à pied, et une bonne dose de grâce plus tard… ça y est. C’est fait. Cette dernière boucle — 68 communes Saint-Martin et 2 792 km dans le nord-est de la France — a vraiment eu le goût d’un accomplissement total. L’impact de saint Martin est énorme : 1 700 ans après sa mort, il donne son nom à plus de villes en France — et partout en Europe — que n’importe quelle autre personne !
En pèlerine mendiante, je ne sais jamais trop à quoi va ressembler la journée, mais une fois encore, ce voyage m’a rappelé que les gens sont bons. Tellement bons. Vive l’inconnu ! Environ 67 % de mes nuits ont été passées — de manière complètement inattendue — chez l’habitant : chambres d’amis, petits recoins, dessins d’enfants aux murs, cuisines chaleureuses avec une tisane tard le soir. Parfois des dîners très formels, parfois des petites réceptions improvisées. Toujours cette chaleur humaine ! Le reste des nuits s’est déroulé dans des lieux municipaux ou religieux, toujours offerts avec un cœur généreux. Partout, on m’a accueillie, nourrie, encouragée, et remise sur le chemin avec le sourire. Je n’aurais jamais pu faire tout cela seule. Aucun pèlerin ne le peut. Un pèlerinage peut être personnel, mais il n’est jamais vraiment privé — un pèlerin silencieux ne sert pas le monde.
Cette route du nord-est a été une cascade de rencontres : des gens serviables, curieux, bienveillants, ou simplement des personnes qui m’ont vue marcher et se sont dit : « On va l’aider. » Et grâce à ces rencontres, l’histoire s’est mise à circuler. Un vaste réseau de personnes anonymes m’a mise en relation, en disant : « Vous devriez parler à notre journaliste. » Résultat : vingt-neuf interviews dans la presse. Vingt-neuf ! Je ne les ai pas cherchées ; ce sont elles qui sont venues à moi. Je me suis sentie comme une toute petite graine de moutarde portée par un vent chaud et puissant — emportant l’histoire et les vertus de saint Martin bien plus loin que je n’aurais pu le faire seule. Sa charité, sa compassion, sa justice, son égalité et sa tolérance touchent encore profondément les cœurs.
Un moment plus marquant que les autres ? Impossible. Tout le pèlerinage n’a été qu’une succession de petits gestes de bonté. Et c’est ça qui me touche le plus : ce rappel vécu, quotidien, que l’amour l’emporte. Les gens sont bons. Vraiment bons. Un pèlerinage peut être personnel, mais jamais privé. Chaque personne qui ouvre une porte ou demande « Vous allez où aujourd’hui ? » en devient une partie. Oh là là, comme j’aime être pèlerine !
Et maintenant, les prochains chemins se dessinent. D’abord, je pars au Santuario de Chimayó, au Nouveau-Mexique, pour les Posadas de Noël — une pause précieuse avant les prochaines longues marches. Ensuite, direction l’Écosse et la Northumbrie pour continuer à explorer les saints des Ve et VIe siècles, dont beaucoup ont été influencés — directement ou indirectement — par saint Martin et la communauté monastique qu’il a fondée à Marmoutier, à Tours. Cette filiation spirituelle me fascine, et j’ai hâte de la suivre encore.
En regardant vers l’été, sur quelques tronçons des Via Sancti Martini, je rassemble de jeunes pèlerins (dans la vingtaine) pour un pèlerinage de Saragosse, en Espagne, jusqu’à Tours. Puis, juste après, j’inviterai des pèlerins « plus mûrs » à me rejoindre d’Utrecht, aux Pays-Bas, jusqu’à Tours. Les deux itinéraires sont riches d’histoire, de récits et de rencontres profondes. Les détails sont sur le site : Saragosse et Utrecht.
À tous ceux qui ont marché à mes côtés — physiquement ou en esprit — merci. Vous avez fait de cette dernière boucle un véritable triomphe de connexion humaine et de grâce. En avant, ensemble.
Le monde a besoin de plus de pèlerins !